1954, 1er octobre, France, Vron
Le Courrier de la Somme
Sur la route de Ligescourt à Vron, deux jeunes gens déclarent avoir vu une « Soucoupe volante »qui a repris le chemin du ciel à 70 mètres d’eux
De tous côtés, les « soucoupes » et les « cigares » continuent de sillonner le ciel, Des gens de bonne foi en ont vu un peu partout. L’affaire devient sérieuse et les plus sceptiques d’hier se demandent aujourd’hui s’il n’y a pas anguille sous roche.
Et voici que, pour la seconde fois, une soucoupe volante a fait son apparition dans l’arrondissement d’Abbeville. Deux jeunes gens de Vron ont vu une soucoupe volante sur la route.
Les deux jeunes gens avaient terminé leur travail vendredi. Il était 18 h. 45. Ils roulaient à bicyclette sur la route goudronnée qui mène de Ligescourt à Vron.
Soudain, à quatre kilomètres de Ligescourt, Devoisin, qui roulait devant, vit, sur la route, à 150 mètres de lui, une masse au beau milieu de la chaussée, avec sur la gauche, quelque chose qui bougeait et qu’il prit, sur le coup, pour un animal.
Toujours pédalant, il pensa alors aux « soucoupes volantes » et alerta son camarade: « Regarde », dit-il, et s’effaçant pour laisser libre le champ visuel de Condette.
Et Condette vit lui aussi, la soucoupe qui s’envolait. Tous deux étaient alors à 70 mètres environ du surprenant engin!
« J’en ai rêvé toute la nuit! »
Voilà ce que nous ont appris tout d’abord les deux jeunes gens. Tous deux sont catégoriques. Ils n’ont pas l’air de plaisantins, ni de spécialistes de coups fourrés. D’autres nous l’ont dit. Nous l’avons constaté. Et les deux jeunes gens qui avaient été appelés sur le chantier, sont venus vers nous la casquette à la main, pour nous conter, à peine remis de leur émotion de la veille: « Oui m’sieur, c’est vrai, nous avons vu une soucoupe… »
Dans notre métier, nous voyons beaucoup d’hommes. Nous sommes appelés à les entendre, à les comprendre, les juger. Je vous jure que je crois que ces deux jeunes ne mentaient pas, ou alors, s’il n’y a pas de soucoupe, il y a un phénomène surnaturel dont ils ne sont pas les seules victimes.
Devoisin, qui pédalait en tête, a vu un homme.
– Comment était-il, cet homme?
– Je l’ai d’abord pris, de loin, pour un gosse, puis pour un animal… Vous comprenez, en roulant, sans s’y attendre… On ne réalise pas tout de suite…
– Il était grand, petit, vêtu comment?
– A cent mètres, je me suis aperçu que c’était un être humain. On aurait fit un scaphandrier et je pense, sans pouvoir l’affirmer, car tout s’est passé très vite, qu’il devait être masqué.
– Un gars du coin qui ne voudrait pas se faire connaître… Mais soyons sérieux… Et de quelle couleur étaient ses habits?
– Je ne sais pas… sur le coup, ça m’a fait drôle… Je ne l’ai d’ailleurs pas vu longtemps, car il a contourné son appareil qui est parti aussitôt…
– Vous n’avez pas vu si la porte était ouverte?
– Non, car à notre arrivée, il est parti derrière sa « soucoupe »… Tout cela a duré le temps de faire à peine cent mètres en vélo…
– Et la soucoupe, comment était-elle?
– De la forme d’une riche, avec un toit en pointe…
– Grande?
Tous deux déclarent qu’elle pouvait avoir deux mètres de haut et qu’elle occupait à peu près la largeur de la route. Trois mètres environ.
– De quelle couleur était-elle, cette soucoupe?
– Orange!
Tous deux l’affirment…
Devoisin et Condette s’accordent alors à dire que la « soucoupe » avait la forme d’une ruche, ou d’une meule.
– Mais comment est-elle partie, cette « riche-soucoupe-meule »?
– Elle a filé sans bruit… Elle a d’abord tourné comme une toupie… Puis elle a filé tout droit… A une vitesse de 40 à 45 kilomètres à l’heure…
– Vers quelle direction?
– Elle a gagné une pièce de betteraves, qui sont hautes à cette époque, pour se diriger vers le bois du « Vert Logis » entre Vron et Vironchaux…
– Elle a été vite, déclare Condette. Elle est partie dans les bas-fonds et Devoisin est aussitôt monté sur un pylône soutenant des fils électriques pour la voir mieux.
– Oui, nous dit Devoisin, elle a rasé les betteraves à l’horizontale, comme si elle allait faucher les verts, puis elle a disparu dans le bois… Mais sans un bruit… C’est formidable…
– Vous n’avez pas eu peur? Vous n’êtes pas tombé du pylône?
– Non, mais je n’avais jamais vu ça…
– Vous avez tout de même bien dormi toute la nuit?
Condette dit « oui ». Mais Devoisin déclare qu’il en a « rêvé ». Et son grand-père, chez qui il couche, a retrouvé, le lendemain, son lit retourné, les draps sans-dessus dessous.
Des jeunes gens sérieux
Nous laissons les jeunes gens à leur travail. Pas une seul seconde, ils n’ont donné l’impression de sourire et, pour tout dire, de se moquer du monde.
Nous sommes allés à Vron. En empruntant le même chemin que les deux manoeuvres avaient effectué la veille. Inutile de vous dire que nous n’avons trouvé aucune trace de la soucoupe.
Dans le pays des deux « témoins de la soucoupe », le sympathique instituteur, que nous sommes allés saluer pour le complément de notre enquête, a déclaré « qu’il ne pouvait s’agir de bluffeurs que les deux jeunes gens qu’il avait eu en classe étaient incapables de se livrer à de semblables fantaisies… »
Un garagiste nous a dit: « Je les ai vu revenir… Ils étaient pâles comme des linges… »
Curieux, avons-nous répliqué, ils nous ont dit ne pas avoir eu peur…
– Qu’ils disent! Aujourd’hui! Après coup… Mais Devoisin avait l’air de je ne sais quoi… On aurait dit qu’il allait avoir des convulsions…
A cette enquête, nous ne voudrions déformer quoi que ce soit. Et nous avons aussi rencontré les parents qui demeurent dans la côte menant vers Abbeville.
– Comment étaient-ils, vos enfants, lorsqu’ils sont rentrés?
Ici, on nous dit que l’un était « tout retourné », là, que l’autre s’était assis sans plus rien dire…
Qu’ils étaient pâles tous deux et que leur récit, peut-être invraisemblable pour certains, avait une concrète teneur de réel pour ceux qui les connaissent et qui les ont vus ou entendus après leur retour à Vron où ils sont rentrés à toutes pédales…
Quoi qu’il en soit, le ciel de l’arrondissement d’Abbeville – nous l’avons dit hier à M. le sous-préfet – semble jouir d’un curieux et phénoménal privilège…
Albert ENDERLIN
Dans son livre, Aimé Michel rapporte que le soir du 3 octobre 1954, vers 18:45, deux jeunes gens tous deux de 18 ans et de Vron dans la Somme, Bernard Devoisin et René Coudette, roulaient en vélo sur la route départementale 27 près de Vron, un petit village à 8 km de Rue et également à 8 km de Quend.
Alors qu’ils étaient à 4 km de Ligescourt, , ils voient à 150 mètres d’eux sur la route une sorte d’engin lumineux émettant une lumière orange. Aimé Michel donne le récit des témoins:
« Il était circulaire, large de 3 mètres, haut peut-être de deux, et évoquait la forme d’une meule. Près de lui, quelque chose bougeait que nous prîmes d’abord pour un animal. Mais en nous approchant, nous vîmes bientôt que c’était un être de la taille d’un enfant et habillé en scaphandrier. Il monta dans l’appareil, qui s’envola rapidement, sans bruit, alors que nous n’étions plus qu’à 70 mètres. »
« Mystérieux objets célestes », livre par Aimé Michel, Seghers éditeur, pp 161-162, 1958.