Jean-Luc Bésengez & Jean-Claude Delmotte France

Bonne lecture

30 septembre 1954, France, Chéreng


A Chéreng comme à Annoeuillin, les habitants
ont vu un engin mystérieux se promener dans le ciel

Dimanche soir, alors qu’une centaine d’habitants de la région d’Annoeuillin apercevaient dans le ciel un engin bizarre, une cinquantaine de Chérengeois rassemblée à l’occasion des fêtes du hameau de l’Autour ont fait des constatations identiques.

[Légende photo:] en compagnie du directeur de l’école, les enfants au premier rang desquels on voit J.-C. Delmotte, M. Lison et Jeanine Besanger, essayent de retrouver les traces aperçues dans un champ, jeudi après-midi. Malheureusement, des traces de sabots de cheval ont remplacé les empreintes de palmes qu’on avait cru y voir.

(Photo « La Voix du Nord »)

Parmi elles se trouvait M. Fiolet, directeur de l’école communale de garçons, dont le sérieux ne saurait être mis en doute. Il nous a fait le récit du spectacle contemplé, dimanche, vers 20 h., par les Chérengeois, qui dura une vingtaine de minutes.

Le récit du directeur d’école

« Il était 20 h. environ, et les fêtes du quartier de l’Autour avait amené, dans ce hameau de Chéreng, de nombreux promeneurs.

J’étais en train de causer en compagnie de quelques amis, au café Coyot, quand j’ai eu mon attention attirée par les murmures de la foule qui se trouvait au dehors: « Ce sont des soucoupes, ce sont des soucoupes », disaient les gens.

Je fus interpellé par deux de mes élèves: Jean-Marc Delerue et Gérard Mullier.

Sceptique, je me suis avancé, suivi par quelques amis pour constater la présence dans le ciel, à une distance d’environ 70 km, en direction Sud-Sud-Ouest, d’un engin de forme oblongue, duquel émanait une puissante lueur rougeâtre. On aurait dit un croissant de lune arrondi vers le bas. La partie centrale de l’engin légèrement renflée paraissait plus éclairée. Tout à coup la partie renflée s’éteignit. C’est alors que j’eus l’impression, et les personnes présentes également, de voir deux cigares. L’engin qui évoluait lentement, pivota puis disparut ».

« Quand les « Martiens »
s’apparentent
aux hommes-grenouilles

Dans la journée de lundi, M. Fiolet interrogea ses élèves.

Jean-Claude Delmotte, 9 ans et demi, fit connaître à son maitre qu’il avait déjà vu deux engins bizarres, un dimanche matin, l’autre le jeudi précédent. Mais par crainte de faire rire de lui qu’il n’en avait rien dit.

« Jeudi, vers 16 h. 30, alors que j’étais à l’entrée du chemin de la Chapelle, à proximité de la Mairie, j’ai vu, a dit l’enfant, une sphère de couleur sombre et de 3 m. de diamètre environ, qui se trouvait posée dans un champ situé à la limite du bois de Chéreng, à environ 300 mètres de l’endroit où je me trouvais. Par le sentier, je me suis avancé dans la direction, mais la sphère, légèrement aplatie à sa partie supérieure, disparut subitement. »

En compagnie de camarades: Marcel Lison et Jean-Luc Besanger, il constata, sur le sol, la présence de trois ou quatre traces affectant, dit-il, la forme des palmes utilisées par les nageurs sous-marins.

Mardi matin, M. Fiolet, le petit Delmotte et plusieurs personnes présentes, le dimanche soir, au hameau de « L’Autour » ont été entendues par l’adjudant-chef Millerot, de la brigade de gendarmerie de Rorest-sur-Marque, qui a ouvert une enquête.

Toutes ont répété ce qu’elle nous avaient déclaré. Toutefois, nous nous sommes rendus, mardi, en compagnie des enfants, à l’endroit où ils auraient aperçu des traces. La pluie avait détrempé la terre et tout ce que nous avons pu relever ce sont les traces laissées par des sabots de cheval.

Si les témoignages des enfants peuvent paraître sujet à caution, tant leur imagination est fertile, par contre M. Fiolet et bon nombre de Chérengeois sont certains d’avoir vu dans le ciel, dimanche soir, un phénomènes qui n’a pas cessé de les intriguer.


A CHERENG, sous le signe des soucoupes

L’apparition d’une soucoupe dimanche soir dont nous vous avons donné un écho dans notre numéro d’hier, a bouleversé le calme de la commune. Le nombre de témoins et leur respectabilité apporte en jour nouveau à ce que bon nombre de gens prennent pour une plaisanterie.

« J’ai vu: Je crois aux soucoupes »

C’est en ces termes que M. Fiolet, directeur d’école, répond à nos questions. De tous les témoins, il ne pouvait être question d’en choisir un meilleur que cet excellent pédagogue.

Selon M. Fiolet, l’engin n’atterrit pas à la passerelle, une illusion d’optique laissant supposer que cet endroit comme étant le lieu d’atterrissage.

Se précipitant avec son fils et un de ses élèves, M. Fiolet, vit l’appareil évoluer au-delà d’Anstaing, en direction lui semble-t-il, de Sainghin-en-Mélantois.

L’objet avait la forme d’un croissant de couleur rouge, puis en s’élevant il prit la forme d’une goutte, point en bas et il manoeuvra de bas en haut plusieurs fois, dans cette forme.

Les enfants ayant aperçu l’engin avant le directeur d’école furent priés lundi de dessiner chacun la forme de ce qu’ils avaient vu. La conformité des dessins ne laissant aucun doute, il ne s’agit pas d’un phénomène d’optique. Des plus, des témoignages venant des villages voisins correspondent quant à l’heure et la couleur de l’objet discerné.

« J’en ai vu une à terre
Jeudi!! »

C’est par cette phrase explosive que Jean-Claude Delmotte, 11 ans, avoua sa découverte. Questionné, l’enfant répondit qu’étant seul il avait aperçu derrière le château une sphère brillante posée sur le sol qui s’envola, prenant une forme de goutte orangée, puis la forme d’une soucoupe couleur marron avec une proéminence centrale sur le dessus et le dessous. D’abord immobile de frayeur il finit par s’approcher du champ d’où s’était envolé l’engin, et y releva des traces de pieds palmés – traces vues par ses camarades à l’issue de son récit.

Dimanche, dans la matinée, le même enfant vit un engin évoluant haut dans le ciel et avertit sa grand-mère, qui arriva trop tard.

L’enquête officielle

Envoyés par M. le capitaine Gandoin, de la gendarmerie de Roubaix, lundi matin les gendarmes de Forest-sur-Marque recueillirent les dépositions des témoins et se rendirent sur les lieux désignés par l’enfant.

Malheureusement, le sol piétiné par les charriots agricoles ne portait plus trace des « pieds palmés ».

De son côté, le directeur d’école, qui invoque le témoignage de sa femme, est formel quant à la lucidité de ses élèves.

Et jusqu’à nouvel ordre se termine ici ce nouvel épisode du problème des soucoupes.


A Chéreng, CINQUANTE PERSONNES
STUPEFAITE ONT ASSISTE DIMANCHE
AUX EVOLUTIONS D’UNE
« SOUCOUPE VOLANTE »

Une cinquantaine de Chérengeois qui participaient dimanche soir, à la fête du hameau de l’Autour, ont assisté à un spectacle extraordinaire que le programme n’avait pas prévu: les évolutions d’un mystérieux engin.

Tous sont formels pour dire: « Nous avons vu une soucoupe volante ».

Nous n’aurions certes pas relaté ce fait si nous n’avions mené une enquête dans la localité et entendu des témoins sérieux dans les déclarations ne peuvent être mises en doute.

L’événement s’est produit, peu avant 20 h. 00. M. Fiolet, directeur de l’école de garçons nous a dit à ce sujet: « Je bavardais en compagnie de quelques personnes dans le café de M. Coyat, lorsque nous entendîmes un léger bourdonnement.

Personne ne prêta attention à ce bruit insolite; quelques minutes s’écoulèrent… soudain deux de mes élèves, Jean-Marc Delerue et Gérard Mullier se précipitèrent vers moi en criant: « Venez voir, M’sieur! Une soucoupe volante ».

Tout le monde s’apprêtait à rire lorsque le mot « soucoupe » prononcée par la foule qui, dehors, assistait à la fête, parvint à nos oreilles.

C’est alors que nous sortîmes.

Un spectacle curieux s’offrit à nos yeux: une cinquantaine de personnes, les yeux écarquillés, fixaient l’horizon. A cinq cent mètres environ un engin rougeâtre semblait reposer sur le sol.

« Nous courûmes vers le lieu choisi pour cet « atterrissage » mais la « soucoupe » s’éleva, se stabilisa et se déplaça horizontalement.

« Sceptique, je pensais d’abord à un quartier de lune, mais, consultant le calendrier je constatais que le prochain quartier de lune ne devait se produire que mardi.

« Certaines personnes vous diront avoir vu deux cigares volants!

« C’est inexact: il s’agit là d’un effet d’optique que je vais vous expliquer rapidement.

« Toutes les personnes qui assistèrent dès le début aux évolutions de l’engin ont pu remarquer que la partie centrale de la « soucoupe » s’est éteinte un moment, en ne laissant apparaître que les deux parties allongées situées de part et d’autre du renflement central ».

« Toutes ces opérations se sont déroulées dans un léger bourdonnement ».

Mme Mouveaux, née Delattre, employée aux établissements Duquennoy et Lepers, a fait la même déclaration.

D’autres personnes dont l’énumération serait trop longue ont tenu des propos sensiblement analogues.

Lundi, M. Fiolet a interrogé ses élèves. Ceux qui était présent lors de l’apparition ont donné des renseignements qui concordent toujours.

Le jeune Jean-Claude Delmotte a fait une révélation inattendue: « Moi, j’en ai vu « une » jeudi, mais je ne l’ai pas dit, vous vous seriez moqué de moi; celle que j’ai vue a laissé des traces ».

« Le témoignage de cet écolier, nous a dit M. Fiolet, peut être pris en considération, car il s’agit d’un enfant fort sérieux, et intelligent ».

Cette « soucoupe » – identique à celle de dimanche, selon le petit Jean-Marc Delmotte – se serait posée dans un champ situé entre le chemin de la Chapelle et le bois de Chéreng.

Des traces affectant la forme des palmes dont se servent les nageurs sous-marins sont encore visibles sur le sol.

Les gendarmes qui suivent de près ces événements contrôleront sans doute aujourd’hui certaines déclarations, ainsi que les traces suspectes.


Dans un champ face au château de Chéreng, Jean-Luc Bésengez montre l’endroit où il a repéré les traces de pieds palmés il y a presque 60 ans.

Affable, élégant, Jean-Luc Bésengez n’a rien d’un illuminé. Ce sémillant septuagénaire, aujourd’hui retraité, a mené une belle carrière dans l’imprimerie. Photograveur de métier, il a aussi participé à des films d’animation pour la télévision. Ce natif de Chéreng a aujourd’hui quitté la commune. Mais c’est toujours dans ce champ, en face du château, qu’il place la source de son destin professionnel. Il en est sûr: « Ce que j’ai vu ce jour-là a décuplé mon sens de l’observation ».

Nous sommes le lundi 4 octobre 1954. Jean-Luc Bésengez a 11 ans, il est scolarisé à l’école publique de Chéreng. La veille, une cinquantaine d’habitants pense avoir vu une soucoupe volante pendant la ducasse de l’Autour (voir ci- dessous). « Nous en avons parlé en classe car notre instituteur avait lui aussi été témoin de ce phénomène. C’est là que Jean-Claude Delmotte a évoqué « son » apparition », se souvient le septuagénaire. Jean-Claude, 10 ans, aime faire du vélo dans le champ qui jouxte le château, sur le petit chemin de pierre qui fait couiner les roues. C’est une tête de classe, pas du genre à raconter des âneries. Et surtout pas au maître d’école. Jean-Claude narre avoir vu une sphère de 3 m de diamètre, marron, puis orange et brillante, posée au sol, le jeudi 30 septembre. Il affirme avoir ensuite repéré des traces de pas formant un cercle.

« A l’heure du déjeuner, Marcel Lison, Jean-Claude Delmotte et moi sommes allés voir les traces, toujours visibles. Et sommes allés rechercher le directeur d’école », se souvient Jean-Luc Bésengez. « Monsieur Fiolet » se rend compte, avec ses élèves, de l’incongruité de ces traces. Elles sont disposées en rond. Chacune fait 16 cm. « Nous avons d’abord pensé à des animaux, mais l’orientation nous a fait douter », pointe Jean-Luc Bésengez. « Je regrette que l’instituteur n’ait pas pensé à faire des moulages ou à préserver les traces », peste l’ancien élève, qui dessine en détail l’empreinte de pied sur le tableau noir en rentrant dans la classe.

Tout à l’effervescence de leur découverte, les Chérengeois oublient aussi de compter les traces. Dans la soirée, la presse se précipite dans le champ : les « soucoupes volantes » (le terme d’OVNI n’a pas encore été inventé) agitent les colonnes de tous les quotidiens cette année-là. Mais quand les journalistes arrivent, la pluie et le labourage ont effacé les empreintes. Plus de pieds palmés. À leur place, des sabots de chevaux ont creusé leur sillon.

Le lendemain, les gendarmes de la brigade de Forest-sur-Marque débarquent pour mener des investigations. Ils interrogent les enfants, le directeur de l’école. D’autres enquêteurs sont là : les précurseurs du GNEOVNI, un groupe de passionnés de phénomènes inexpliqués dont un ingénieur, Eugène Sorez « qui m’a un peu asticoté », se souvient l’écolier. La presse se relaie sur le lieu d’un possible atterrissage d’ »êtres ». « Je crois même me souvenir que j’ai fait la Une de « France Soir », pense Jean-Luc Bésengez qui garde malgré tout l’impression qu’on accordait peu de crédit à sa parole d’enfant.

L’observation, l’agitation autour de ce mystère, ont façonné sa vie. Sa sœur a épousé un journaliste qui venait l’interviewer.

Jean-Luc Bésengez n’a jamais rangé ses croquis et a fait les Beaux-Arts. Plus tard, son premier film d’animation couleur, passé sur la télévision régionale, vers 1975, évoquait un journaliste enlevé par des extraterrestres. Son titre : Extrapoll. Le « témoin » parcourt la littérature ufologique depuis 60 ans. Il a vu Hollywood dessiner des pieds palmés aux petits hommes verts, « peut-être grâce à mon dessin ». Mais n’a jamais trouvé de raison à ce qu’il a vu dans ce champ, en 1954. « La logique ne l’explique pas mais c’était bien réel ». Fiolet, Lison et Delmotte sont morts. Lui reste seul avec ses questions.

Quand le village voit des soucoupes

Des habitants qui assistaient à la fête du Hameau de l’Autour, le dimanche 3 octobre, entendent un bourdonnement, vers 19 h 20. Ils voient à l’horizon un engin rougeâtre semblant reposer sur le sol qui d’un seul coup s’élève et se déplace horizontalement. D’autres témoignages évoquent plutôt « deux cigares volants ».

Monsieur Fiolet, le directeur de l’école des garçons, est présent. Il décrit très précisément « l’apparition » à un de nos confrères: « J’ai constaté la présence dans le ciel, en direction Sud-Sud-Ouest, d’un engin de forme oblongue duquel émanait une puissante lueur rougeâtre. On aurait dit un croissant de lune arrondi vers le bas. La partie centrale de l’engin, légèrement renflée, paraissait plus éclairée. Tout d’un coup, la partie renflée s’éteignit. C’est alors que j’eus l’impression de voir deux cigares. L’engin qui évoluait lentement pivota puis disparut. »

Le lendemain, monsieur Fiolet en parle en classe. Et suscite le témoignage de Jean-Claude Delmotte, repris ensutie par la presse (voir ci-contre, un extrait de Nord Eclair du 5 octobre 1954, avec Jean-Luc Bésengez en photo, sur celle du bas, premier au deuxième rang à gauche, coupé en brosse). N’en déplaise aux amateurs d’inexpliqué : cette vision serait en fait d’origine astronomique. Les villageois auraient été effrayés par la lune rougeâtre, selon les « experts » régionaux de l’ufologie (discipline qui s’intéresse aux OVNIS). Mais les traces de pieds palmés demeurent, elles, officiellement inexpliquées.

La Voix du Nord – Marie Vandekerkhove –